Confort-Meilars: premier Noël sans incinérateur
Article paru dans le Ouest-France du 21 décembre 2006
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Un an après l'arrêt de l'usine d'incinération, les riverains restent mobilisés. Opposés au centre de transit, ils vont saisir le tribunal administratif.

La déception d'aujourd'hui est à la hauteur de l'espoir d'hier. Lorsque l'incinérateur de Confort a été arrêté, le 27décembre 2005, «on a vraiment cru au Père Noël, souligne Jo Hervé, président de la Sauval, l'association de sauvegarde de la vallée du Lochrist. Mais, depuis,on s'est rendu compte que le Père Noël est une ordure. »
Un an après l'arrêt définitif de la cheminée, les riverains de l'ancienne usine d'incinération n'en sont toujours pas quittes avec les déchets. Non seulement, le site ne sera pas « mis en herbe et dépollué», comme ils le réclamaient, mais il se transformera, bientôt, en « centre de transit pour les ordures ménagères de tout l'Ouest Cornouaille ». Le projet a été approuvé en juin par le commissaire-enquêteur et validé par le préfet.

Et c'est justement là que le bât blesse. Site de transfert depuis un an, Confort s'apprête à entériner sa nouvelle vocation de site de transit des ordures ménagères pour les communautés de communes du Haut Pays bigouden, du Pays de Douamenez et du Cap-Sizun. Alors que, selon les opposants, « la population n'a pas été concertée. »
L'enquête publique? «Pratiquement aucun élu du Cap-Sizun n'a voulu s'exprimer et elle a été menée de manière partiale », dénoncent les riverains.

Une nouvelle plainte
Pour eux, outre le fait de se situer à leur porte, le centre de transit, avec presse à balles et stockage temporaire, présente deux inconvénients majeurs : un coût exorbitant (2 millions d'euros) et un manque de reflexion préalable.
"A elle seule, la presse à balles (qui sert à compacter les déchets) va coûter 783 000 € et elle ne servira que 20% du temps dans l'année. De même, on prévoit 20 000 tonnes de déchets résiduels, alors qu'on n'a jamais atteint plus de 18 500 tonnes! C'est d'autant plus surprenant qu'on est censé être dans une politique de réduction du volume des déchets..», s'insurge Annette Rigault, secrètaire de la Sauval et proche riveraine du site.

Par ailleurs, les ordures dirigées vers Confort proviennent de Douarnenez. « pour moitié d'entre elles », précisent les membres de la Sauval. Elles sont compactées sur place avant de rejoindre les incinérateurs de Briec, Concarneau ou Laval. «Confort étant à une dizaine de kilomètres à l'est, les ordures vont faire l'aller-retour. Ne pouvait-on pas trouver une autre solution ? Pourquoi chaque communauté de communes ne gererait-elle pas ses déchets à une plus petite échelle et à moindre coût au niveau du transport ?»

Bien décidés à se faire entendre, les riverains ont décidés de saisir le tribunal administratif, pour contester l'enquête publique et l'autorisation d'exploiter délivrée par le préfet. Ils vont également compléter la plainte déposée en 2005, «pour pollution multiple et mise en danger de la vie d'autrui », avec un document de l'Institut de veille sanitaire. L'organisme vient, en effet, de mener une étude dans l'est de la France qui « met en évidence le lien entre la vie à proximité d'un incinérateur et le risque de cancer».
Enfin, la Sauval souhaite demander aux responsables de la communauté de communes du Cap-Sizun «pourquoi ils n'ont pas réagi avec plus de fermeté, alors qu'ils étaient contre le projet. »

Nicolas EMERIAU.
Ouest France