Lettre au rédacteur de la Gazette des Communes Retour
[1 octobre 2003]

À Monsieur le rédacteur en chef Gazette des Communes
33 rue traversière
BP 135
92106 BOULOGNE CEDEX

Monsieur le rédacteur en chef,

Vous avez publié dans votre n° de septembre un dossier intitulé: " Déchets: seule la concertation désamorce le "Nimby" qui a retenu notre attention.
Dans votre synthèse vous soulignez -à juste titre- la nécessité de la concertation. Encore faut-il qu'elle soit encadrée par des règles comme celles qui sont très bien exposées dans "la charte de la concertation" de l'ex-ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Or, nous pouvons témoigner que dans deux cas au moins parmi ceux que vous évoquez (Douarnenez et Saint-Brieuc) l'objectif d'une pseudo concertation visait à contourner les oppositions et plus largement les associations de riverains par le "faire-semblant" et la communication (lire propagande) pour parvenir à imposer en fin de compte un nouvel incinérateur prévu de longue date.

Les références que vous citez dans votre dossier, en particulier Amorce et Suez-environnement font toutes deux parties du lobby de l'incinération et il aurait été honnête de le signaler. Quant aux bureaux d'études, nous savons par expérience qu'ils sont loin d'être indépendants (Dis-moi qui te paie…). Nous ne sommes pas dupes des manœuvres et manipulations qui se cachent sous prétexte d'information mais nous nous interrogeons cependant sur la déontologie de "journalistes" qui prêtent leur plume à ce type d'opération en osant les expressions "d'intérêt général" ou de "Nimby"…

En réalité, les premiers à être atteints du syndrome de Nimby sont les élus eux-mêmes et les responsables administratifs qui prennent les décisions! Il aurait été intéressant de rechercher combien d'incinérateurs se trouvent dans l'environnement immédiat des élus partisans de l'élimination thermique des déchets: c'est bon pour les autres… et l'hypocrisie atteint son comble lorsque les mêmes assurent, la main sur le cœur, qu'ils prennent en compte l'environnement et la santé publique en affirmant haut et fort l'innocuité de l'incinération malgré la multiplication des scandales…

A Douarnenez, où les déchets de la ville sont brûlés depuis trente ans dans une petite commune à dix kilomètres (Not in my Backyard…) une "concertation" gérée de bout en bout par le syndicat intercommunal qui a donc été "juge et partie" a entraîné une facture très lourde (plus de 20 000 euros) pour aboutir à proposer en fin de compte la solution prévue AVANT le processus, à savoir …l'incinération.

Soit une concertation au coût très élevé dont on aurait pu faire l'économie. D'ailleurs la grande majorité des 700 élus concernés ont été absents lors de cette concertation. Précisons que l'article 7 de la charte n'a pas été appliqué (pas de garant indépendant) et qu'aucun document de synthèse (il n'y a pas eu de consensus) n'a été remis aux associations. A Saint-Brieuc, douze apôtres-citoyens tirés au sort, élevés au rang de "sages" palabrent pendant que les élus du syndicat qui vont décider se gardent de participer aux débats et le cabinet de communication tire à boulets rouges sur les associations qui ont refusé de cautionner l'opération.

Et pourtant ce sont ces associations citoyennes, qui ne défendent aucun intérêt financier, qui ont vocation à préserver l'environnement et la santé publique que votre gazette devrait également entendre et mettre en avant ne serait-ce que pour respecter une certaine objectivité. Votre organe s'adresse aux élus en leur fournissant une pseudo information orientée dans le sens souhaité par les industriels de l'incinération dont la motivation principale n'est pas la sauvegarde de l'environnement. Sans doute y avait-il là une réelle opportunité de mettre en avant des solutions innovantes et des expériences à la fois économiques et écologiques au lieu d'en rester aux méthodes du passé et à une sorte de fuite en avant vers le toujours plus cher. Nous ne nous faisons aucune illusion sur la place éventuelle que vous nous accorderez, mais vous devez savoir que nous allons utiliser tous les moyens à notre disposition pour dénoncer votre campagne de désinformation et pour faire connaître notre protestation.

Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur en chef, l'expression de nos salutations distinguées.

Pour la SAUVAL, le Président Joseph HERVE
Pour Ouest Cornouaille Environnement, le Président Henri PEUZIAT