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Les autruches et la méthode Coué…

Le journal Ouest-France a rendu compte d’un colloque organisé par les industriels finistériens de l’agroalimentaire à Brest le 20 mars, avec le concours financier du conseil général et de la Sotraval exploitant de l’usine d’incinération du Spernot de Brest. S’il n’est pas étonnant que les organisateurs aient axé les discours sur la défense et illustration de l’incinération dont l’image est aujourd’hui à tel point discréditée qu’elle peut à terme avoir des répercussions sur les produits issus de l’industrie agroalimentaire du département, on reste sidéré par les propos prêtés aux scientifiques invités et notamment à A. Laplanche, professeur à l’Ecole nationale supérieure de chimie de Rennes pour qui "il serait temps de contrer les phobies et l’irrationnel qui entourent la question des dioxines"…

En général, la culture des scientifiques les conduit à la prudence et à l’examen des faits. Ils devraient prendre en compte l’accident de Seveso (Italie), de Tchernobyl, et plus récemment les scandales du sang contaminé et de l’amiante. A chaque fois on a trouvé au départ des partisans de la politique de l’autruche, se cachant la tête dans le sable pour refuser de voir le péril, et pourtant les faits sont têtus et finissent, des années plus tard, par être reconnus par la communauté scientifique. Personne ne conteste plus l’effet de l’exposition aux dioxines dans l’apparition de certains cancers des années plus tard. Tout le monde sait aujourd’hui que les incinérateurs d’ordures ménagères produisent, à eux seuls, près de la moitié des dioxines de l’atmosphère.

La contamination de la vallée de Gilly sur Isère (qui a entraîné l’abattage systématique des troupeaux) n’est que l’un des exemples à charge contre les incinérateurs et les nombreuses plaintes déposées ça et là permettront sans doute à la justice d’apprécier l’ampleur du phénomène et des dégâts en termes d’environnement et de santé publique. Comment expliquer à la population la fermeture de plus d’une centaine d’incinérateurs en moins de quelques années ? Qu’attendent les responsables pour effectuer les analyses systématiques auprès de toutes les usines encore en activité en appliquant le principe de précaution et, de préférence, la réglementation européenne plus stricte que les textes nationaux ?

Toutes les tentatives de cacher derrière un rideau de fumée les résultats des recherches internationales pourraient se retourner à terme contre leurs auteurs, souvent au service des lobby industriels ou d’administrations peu sourcilleuses. Sur le seul domaine de l’éthique, on peut s’interroger sur l’engagement de certains scientifiques et le choix d’institutions représentatives comme le Conseil Général de favoriser l’expression des pro-incinération alors qu’on aurait pu s’attendre à un véritable débat réunissant des experts indépendants seuls capables de poser le problème objectivement en prenant en compte la protection de l’environnement et de la santé publique. Le collectif ACTIOM (associations concernées par le traitement et l’incinération des ordures ménagères) poursuivra ses actions pour obtenir un moratoire sur les incinérateurs en informant la population et en continuant à dénoncer les partisans de la méthode Coué.

Pour le collectif ACTIOM